Les maisons d’édition à compte d’éditeur peuvent être soit des associations, soit des entreprises. Elles ont pour objectif de produire et vendre des livres. Pour ce faire, elles s’appuient sur les savoir-faire issus de nombreux métiers et filières. De même, il est important d’avoir conscience que les tailles et la solidité des maisons d’édition sont très variables.
Qu’est-ce qu’une maison d’édition ?
Il existe différents moyens de publier son roman. Parmi eux se trouve la maison d’édition à compte d’éditeur. Il s’agit de la plus prestigieuse dans l’imaginaire collectif.
Le statut juridique et les objectifs des maisons d’édition
Les maisons d’édition peuvent être soit des entreprises, soit des associations. Pourtant, leur activité principale reste la même : elle consiste à produire et diffuser des livres.
Quel que soit leur statut juridique, elles ont pour objectif de vendre leur production. Dans le cas d’une association, il s’agit principalement de rembourser ses frais (une association de loi 1901 est à but non lucratif). Pour une entreprise, l’objectif est au contraire à but lucratif.
Les métiers au sein d’une maison d’édition
Que ce soit les auteurs (moi-même compris), les professionnels du livre ou encore les libraires, il est très fréquent de voir utiliser les termes éditeurs et maison d’édition comme des synonymes. Pourtant, il existe une nuance de taille.
La maison d’édition (l’entreprise ou l’association) chapeaute donc toutes les fonctions qui vont de la sélection des manuscrits à leur vente. Selon le Syndicat national des éditeurs (SNE), il existe 35 métiers au sein de 8 filières différentes. La cartographie ci-dessous représente les 8 filières et quelques-uns des métiers qui leur sont dévolus.
Dans les petites structures, c’est bien souvent la même personne qui réalise toutes ces tâches. L’éditeur n’a bien souvent pas d’autre choix que de sous-traiter une grande partie de ces fonctions auprès de prestataires. Dans les structures de plus grande taille, les responsabilités sont bien souvent beaucoup plus éclatées.
Vous l’aurez compris en regardant cette cartographie, l’éditeur n’est donc qu’une fonction parmi beaucoup d’autres au sein des métiers de l’édition.
Quoi qu’il en soit, cette cartographie permet de comprendre la difficulté et le défi que peut représenter l’autoédition pour une personne seule et sans expérience préalable dans les métiers du livre. Fort heureusement, tout s’apprend et les nouvelles technologies numériques facilitent le travail.
Le rôle de l’éditeur
Un éditeur sélectionne les manuscrits en fonction de sa ligne éditoriale. En effet, chaque maison d’édition est positionnée sur un ou plusieurs segments de marché bien précis. C’est-à-dire que la maison d’édition vise un public très particulier avec chacune de ses parutions. Par exemple, certaines maisons d’édition ciblent les adolescentes de 14 à 16 ans. Si l’éditeur estime que sa cible marketing aime la littérature fantastique et la romance, alors il va publier de la romantasy ou des ouvrages dans la même veine.
Comme une maison d’édition se positionne sur plusieurs segments de marché à la fois, elle dispose bien souvent de plusieurs collections, chacune d’entre elles visant un public particulier. Ce peut-être une division en fonction de la tranche d’âge, du genre, du genre littéraire (policier, romance, etc.) ou encore par sujet (histoire, mathématiques, etc.).
Une fois le livre sélectionné, l’éditeur va échanger avec l’auteur pour signer les contrats et retravailler le roman. Comme mentionné ci-dessus, l’interlocuteur va dépendre de la taille de la maison d’édition. Pour une petite structure, l’éditeur va réaliser tout ce travail lui-même. En revanche, pour de plus grosses structures, il y aura plusieurs personnes qui prendront en charge chacune des étapes.
Maisons d’édition : combien y a-t-il d’éditeurs en France ?
Selon le Syndicat national de l’édition (SNE), il existe en France environ 10 000 maisons d’édition à compte d’éditeur. Au demeurant impressionnant, ce chiffre laisse d’emblée deviner la très grande disparité des situations dans le paysage éditorial français .
Il existe en effet ce que certains appellent les « grandes » maisons (comprenez les structures de très grosse taille). Ces dernières ont environ 5 000 titres de livres dans leur catalogue. Et il y a les petites structures qui vendent pour certaines moins de 10 titres.
Parmi les maisons d’édition de grosse taille, on compte notamment :
- Hachette Roman,
- Gallimard,
- Grasset,
- Seuil,
- Albin-Michel,
- Fayard,
- Calmann-Levy,
- Robert-Laffont,
- Flammarion,
- Fayard,
- Livre de Poche,
- et la Martinière.
Il est également important de noter que parmi les maisons d’édition mentionnées ci-dessus, une grande partie d’entre elles sont regroupées au sein d’une même entité économique. Je pense notamment à Éditis et Hachette (qui appartient au groupe Vivendi). À noter, le Groupe Bolloré (qui possède Éditis) a fait couler beaucoup d’encre en lançant une OPA sur Vivendi en 2022. Car à eux seuls, ces 2 groupes rassemblent des dizaines de maisons d’édition dont, parmi elles, la majorité des plus grosses.
Dès lors, malgré le nombre très important de maisons d’édition, il est important de savoir qu’il s’agit en réalité d’un secteur où les principaux acteurs (comprenez ceux qui génèrent le plus gros chiffre d’affaires) sont très concentrés.
Chiffre d’affaires, nombre d’exemplaires vendus et production éditoriale des maisons d’édition
Le chiffre d’affaires des éditeurs
Bien évidemment, il est délicat de comparer les chiffres d’affaires de maisons d’édition, qui sont toutes d’ampleur et de taille complètement différentes. Ceci dit, le SNE a réalisé une enquête auprès de 150 éditeurs français. Vous trouverez ci-dessous une petite synthèse qui montre l’évolution de leur chiffre d’affaires global sur les quatre dernières années.
Nombre de livres vendus par les éditeurs
Toujours dans la même enquête réalisée par le SNE, voici le nombre de livres vendus par les maisons d’édition françaises, que ce soit en France ou à l’étranger.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que la production éditoriale des maisons d’édition a augmenté entre 2021 et 2022. En effet, elle est passée de 109 480 titres à 111 503 titres de livres en 2022.
Néanmoins, cette augmentation est le résultat d’une politique de réimpression de la part des maisons d’édition, qui cherchent à diminuer le nombre de nouveautés pour ne pas saturer un marché du livre déjà en situation de surproduction. À cet égard, les maisons d’édition ont diminué leur nombre de nouveautés de 15 % entre 2019 et 2022.
Les évolutions du marché de l’édition
Ces décisions de diminuer le nombre de nouveautés sont liées à un marché du livre qui connaît une forte concurrence : jeux de société, jeux vidéo, séries télévisées, webséries, etc. De fait, les individus consacrent moins de temps à la lecture qu’autrefois.
Il s’agit d’un changement d’habitude lié aux évolutions de la technologie. Il y a 50 ou 60 ans, le livre était la principale source de distraction le soir, tranquillement installé dans son fauteuil, si on ne voulait parler à personne. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas.
Outre ces nouveaux concurrents, le format même du livre est en train d’évoluer, avec la démocratisation des technologies de l’information et de la communication. Ce qui laisse présager beaucoup de bouleversements dans les 10, 15 ou 20 années à venir pour les maisons d’édition.
Conclusion
Le marché du livre est en effet en plein bouleversement depuis quelques années déjà. En effet, l’avènement du numérique, et notamment la démocratisation du smartphone, a modifié les équilibres existants. Il y a ainsi eu l’apparition du ebook et l’essor de l’autoédition. Mais plus encore, on voit émerger les webnovels et les webtoons, accessibles directement depuis nos téléphones. Certaines maisons d’édition ont déjà sauté le pas, d’autres restent sur leurs bases.
De mon point de vue, pour survivre, les maisons d’édition vont très clairement devoir s’adapter à ces nouvelles tendances. Ces évolutions sont en effet en train de modifier la chaîne classique du livre et de nouveaux acteurs émergent (pour le pire comme pour le meilleur).
