Autoédition : un phénomène contemporain en plein essor

En autoédition, l’auteur assume lui-même le travail de publication de son roman. Ce mode de publication est de plus en plus prisé des auteurs en raison des conditions de rémunération parfois plus avantageuses (si l’auteur sait vendre sa production) et des difficultés à trouver un éditeur. Toutefois, il est important de passer par des bêta-lecteurs et un correcteur certifié avant d’autoéditer son roman.


La différence entre autoédition, édition à compte d’auteur et édition à compte d’éditeur


Je vois parfois des confusions sur des sites ou dans des articles. Plus important encore, certains auteurs ignorent la différence entre les trois modes d’édition et signent un contrat avec une maison d’édition à compte d’auteur en pensant signer avec une maison à compte d’éditeur. Bref, j’ai pensé qu’il était important de clarifier certains points.

Édition à compte d’éditeur : la maison d’édition finance l’intégralité du processus de création, d’impression et de diffusion de votre roman. Elle rémunère également l’auteur sous contrat (à-valoir + pourcentage sur les ventes – les droits d’auteurs vont de 5 à 15 % sur les ventes).

Édition à compte d’auteur : l’auteur signe un contrat avec un prestataire de service qu’il paie pour réaliser l’ensemble du processus éditorial et de diffusion. L’auteur paie également pour l’impression de son roman et ainsi de suite. C’est probablement le mode de publication le moins avantageux pour l’auteur.

Autoédition : l’auteur ne signe aucun contrat. Il assume l’intégralité du travail (et des coûts) lié à la publication de son roman. Sur la vente de livres numériques, certaines plateformes accordent à l’auteur autoédité jusqu’à 60-70 % du prix de vente.


Un phénomène récent ?


Ces modes de publication existent depuis longtemps, contrairement à ce que l’on peut lire parfois ici et là sur le net. Marcel Proust a ainsi publié à compte d’auteur le premier volume de la très célèbre À la recherche du temps perdu. Au même titre qu’Arthur Rimbaud ou encore Verlaine pour leur premier recueil de poésie. Marcel Pagnol a également publié certains de ses ouvrages à ses frais, car les éditeurs lui refusaient le pourcentage qu’il désirait.

Pour la petite histoire, j’ai également découvert un mémoire de recherche à l’Enssib sur l’autoédition en France qui date de 1983. L’auteur de ce mémoire a ainsi mis en évidence qu’environ 4.67 % des dépôts de livres à la BNF en 1983 étaient le fait d’auteurs autoédités.

On est donc bien loin d’une pratique récente.


L’autoédition dans la pratique


Concrètement, l’autoédition nécessite que l’auteur se substitue :

  • à l’éditeur,
  • au correcteur,
  • au graphiste,
  • au maquettiste,
  • à l’imprimeur,
  • au distributeur,
  • au diffuseur,
  • au marketing,
  • et aux commerciaux.

Il s’agit de tout réaliser soi-même ou de payer un ou plusieurs prestataires. En retour, l’auteur reçoit l’intégralité des bénéfices (une fois tous les frais couverts, donc).

Au siècle dernier, ce n’était pas une mince affaire. De nos jours, un certain nombre de plateformes numériques et prestataires de service rendent l’opération beaucoup plus abordable financièrement parlant, notamment grâce à l’apparition de l’impression à la demande et du livre numérique.

De fait, l’autoédition s’est démocratisée.


L’autoédition : un choix de publication de plus en plus répandu


L’autoédition a le vent en poupe depuis de nombreuses années. Ci-dessous, voici un graphique qui montre le nombre de livres autoédités aux États-Unis entre 2007 et 2015. Les chiffres proviennent de l’INA, qui est une source fiable.

Nombre de livre publiés en autoédition aux États-Unis entre 2007 et 2015.

La tendance suit à peu près le même cours en France, mais dans une moindre proportion. L’INA donne ainsi des chiffres pour l’Hexagone. À noter : ces chiffres sont issus du dépôt légal de la BNF (normalement, un auteur autoédité doit fournir un exemplaire de son ouvrage à la BNF). Comme de nombreux auteurs ne satisfont pas à cette obligation légale, les chiffres sont dans la réalité beaucoup plus élevés. Selon l’INA, 4000 livres ont été autoédités en 2005 en France et 11500 titres en 2015. Soit une multiplication par 3 ou presque du nombre d’ouvrages autoédités. Sur le plan de la production globale de livres, l’autoédition représente donc 6 % du total de livres publiés en 2005 et 15 % en 2015.

Après 2015, la tendance demeure la même. Néanmoins, je n’ai pas réussi à découvrir de chiffres issus d’une source institutionnelle. Certains acteurs du milieu de l’autoédition estiment ainsi qu’il y avait en 15 000 livres autoédités en 2019, soit 20 % de la production totale en France.


La qualité des ouvrages autoédités


Les ouvrages en autoédition souffrent depuis longtemps d’une mauvaise réputation. On leur attribue bien souvent une qualité inférieure à celle d’un roman publié à compte d’éditeur.

De mon point de vue, il s’agit d’une erreur d’appréciation. De nombreuses maisons d’édition ont également publié des ouvrages dont la qualité laissait à désirer. Le fait de passer par une maison d’édition classique n’a jamais été gage de qualité.

Certes, un certain nombre d’auteurs en autoédition ne connaissent pas la chaîne du livre. Ils publient donc des ouvrages sans les avoir revus en profondeur. Le texte n’a jamais été lu par des bêta-lecteurs compétents. Il n’est jamais passé entre les mains d’un correcteur certifié. En conséquence, le roman en question n’était pas assez mûr pour être publié. Et c’est ce type de publication prématurée qui nuit malheureusement à la réputation de l’autoédition.

Cependant, de nombreux auteurs autoédités travaillent avec des bêta-lecteurs compétents ; ils font appel à un correcteur certifié et un graphiste pour la couverture. Globalement, la qualité finale de leur roman est la même que celle d’un ouvrage publié par une maison d’édition classique.

À noter : les auteurs déjà publiés à compte d’éditeur sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure de l’autoédition pour essayer d’améliorer leur rémunération.


Conclusion


Même si elle demande bien plus de travail, l’autoédition est un mode de publication de plus en plus prisée par les auteurs. En effet, les conditions de rémunération sont plus avantageuses si l’auteur sait vendre sa production. Pour cette raison, de plus en plus d’auteurs déjà publiés en maison d’édition se lancent dans l’autoédition.

Cependant, ces écrivains ont du métier derrière eux. Ils savent travailler un texte. Or, beaucoup d’auteurs amateurs publient leurs textes sans même avoir fait appel à un bêta-lecteur. De fait, ces auteurs vendent un texte non abouti qui a peu de chances de se vendre ou de plaire à des lecteurs.


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