Écrire une romance : six pièges à éviter

Écrire une romance est bien plus compliqué qu’il n’y paraît au premier abord. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est un genre qui se focalise sur les émotions et les relations entre deux ou plusieurs individus. Un roman d’amour traite donc de sujets qui sont, par leur nature même, intangibles, fluctuants et difficiles à cerner.

Ce n’est donc pas une mince affaire. Voici donc six pièges à éviter quand vous écrivez un roman d’amour.


Piège numéro 1 : ne pas comprendre les motivations de vos personnages


J’ai bêta-lu le mois dernier le synopsis détaillé d’une romance qui se déroule dans un monde de fantasy antique. Dans le commentaire général de ma bêta-lecture, j’expliquais à l’autrice que je comprenais mal la relation entre les deux protagonistes. Ainsi, son héroïne utilisait son amant pour assouvir ses ambitions et le trahissait non pas une fois, mais au moins trois fois. Pourtant, son compagnon revenait vers elle à chaque fois. Or, il n’y avait dans le synopsis aucune clé de compréhension pour expliquer ce comportement curieux. Cela aurait pu être un simple problème de manque de précision (cela arrive souvent). Mais l’autrice m’a répondu : « c’est vrai que ce n’est pas clair pour moi non plus ».

Selon moi, l’autrice comprenait parfaitement les motivations de son héroïne (qui était très bien caractérisée). Cependant, elle cernait mal celles de son compagnon (et celles de l’antagoniste aussi).

Or, un roman d’amour traite d’une relation entre deux ou plusieurs personnages. Si vous comprenez mal comment fonctionne chacun des partis, alors votre histoire d’amour ne fonctionnera pas auprès de vos lecteurs.

Pour écrire une romance, il est donc fondamental de travailler en priorité la caractérisation de tous les personnages.


Écrire une romance : piège numéro 2 : le manque de conflit narratif


Le conflit narratif dépend de l’objectif de vos protagonistes. Par exemple, votre héroïne veut s’expatrier pour évoluer dans sa carrière professionnelle. Cependant, son compagnon est quant à lui très casanier. L’idée même de vivre dans un autre pays lui fait horreur. Pourtant, tous deux sont très amoureux. Comment leur relation va-t-elle survivre à des objectifs aussi différents ?

Le conflit narratif provient ici du fait que l’un et l’autre ne veulent pas la même chose et vont avoir des difficultés à obtenir ce qu’ils recherchent.

De cette difficulté va résulter des quiproquos et de fortes émotions chez vos personnages. C’est ce que le lecteur recherche.

Une autre source de conflit narratif, c’est le contexte de votre roman. Par exemple :

  • leur amour est impossible ;
  • le couple doit surmonter ensemble de grosses difficultés ;
  • etc.

Il peut également s’agir d’un obstacle interne. Par exemple, l’un des personnages n’est pas prêt à la relation.

Si vos personnages obtiennent d’emblée ce qu’ils souhaitent, alors votre roman d’amour intéressera peu votre lectorat.

Pour écrire une romance, il est donc fondamental de travailler aussi votre intrigue.


Piège numéro 3 : une relation amoureuse mal travaillée


Une relation humaine, et à plus forte raison une relation amoureuse, cela se construit. Vous pouvez très bien avoir un coup de foudre entre vos deux protagonistes. Cependant, si cela favorise le rapprochement, cela n’aide en rien à développer la relation entre les deux personnages. La nuance est de taille. Au mieux, avec un coup de foudre, vous avez plusieurs scènes érotiques au début. Et après ?

Une relation amoureuse, c’est un apprentissage. Il y a :

  • des rendez-vous amoureux ;
  • des disputes ;
  • des incompréhensions ;
  • des épreuves à traverser ;
  • etc.

Et c’est au cours de cet apprentissage que vos personnages apprennent à se comprendre et à s’aimer vraiment (au-delà de la simple attraction physique ou sexuelle). Pour cette raison, aucune histoire d’amour ne se ressemble. Car chacun des protagonistes amène son propre lot de névroses, de difficultés ou encore d’envies.

Écrire une romance requiert donc de réfléchir en amont de l’écriture à la manière dont les personnalités de vos personnages vont s’accorder et/ou se déchirer.


Écrire une romance : piège numéro 4 : des personnages secondaires mal esquissés


Certes, dans une romance, ce qui compte c’est la relation entre les protagonistes. Cependant, si les personnages secondaires sont des coquilles vides, alors cela donne à vos lecteurs une impression de manque de réalisme.

Vos lecteurs doivent être capables de comprendre qui sont vos personnages secondaires, ce qu’ils recherchent et pourquoi ils se comportent de cette manière.

Dans les meilleures romances, les personnages secondaires ont des objectifs et une histoire personnelle riche. Plus encore, c’est en interagissant avec eux que vos deux tourtereaux évolueront dans une direction ou une autre.

Par exemple, votre héros se confie en permanence à sa meilleure amie, qui l’aide à prendre conscience de sa jalousie. Faites en sorte que cette amie ait une vie en dehors de l’intrigue. Peut-être a-t-elle des problèmes au travail ? Quels sont ses loisirs ? Si la confidente de votre héros n’est là que pour discuter de la relation amoureuse de ce dernier, cela donne une impression d’artificialité. Peut-être peut-elle faire des comparaisons avec sa propre relation amoureuse et ce que lui a fait subir son ex ? Ou alors, votre héros va toujours la voir quand elle jardine. En effet, sa passion à elle, c’est de créer des jardins écologiques pour préserver la biodiversité ? Bref, donnez-lui de la substance !

Moralité : pour écrire une romance, vous devez travailler tous les personnages, à l’exception des figurants. Il ne s’agit pas d’en faire des caisses, mais bien de s’assurer qu’ils paraissent réels aux yeux des lecteurs.


Piège numéro 5 : un décor vide


L’univers du récit n’est pas la priorité dans une romance. Cependant, l’univers du récit est une des trois composantes essentielles d’une intrigue amoureuse (et de toutes histoires). Il s’agit d’une part de planter le décor où évoluent les personnages. Et d’autre part, cela consiste à définir les règles et contraintes que vos personnages doivent suivre.

Pour reprendre mon exemple d’expatriation, si en plus d’être casanier, l’amant de votre héroïne ne peut quitter le territoire pour des raisons judiciaires, cela va ancrer davantage votre récit dans son contexte. Mieux encore, il doit se rendre régulièrement au commissariat de police. Etc.

Pourquoi se donner tout ce mal ? Tout simplement parce qu’une romance ancrée dans un contexte clair et impactant paraît beaucoup plus réelle à vos lecteurs. Vous n’êtes pas obligé d’aller dans les extrémités susmentionnées (problèmes judiciaires). Ces extrémités peuvent d’ailleurs nuire à votre intrigue, car elles ne vont pas sembler « réaliste » du côté des lecteurs.

Vous pouvez très bien rester sur des difficultés très terre à terre. Par exemple, l’un de vos protagonistes a des difficultés au travail ; son responsable hiérarchique manque de bienveillance. Rien d’original là-dedans (on est même dans la banalité la plus totale). Pourtant, cette situation mine le moral de votre héros, qui de ce fait a des difficultés à rentrer dans la relation. Et ce, pendant des mois. Sa compagne se sent délaissée, tiraillée entre sa volonté d’aider son compagnon dans cette situation difficile et celle d’avoir la relation épanouissante qu’elle souhaiterait et dont elle est privée.

Un décor bien planté est un décor qui a des incidences sur la relation. Si votre décor est là « juste pour faire joli », alors il ne sert à rien, et le lecteur aura tout de même une impression de vide. Résultat : votre romance paraîtra un peu artificielle.


Écrire une romance : piège numéro 6 : une évolution brutale des personnages


Vous avez choisi le trope classique « d’ennemi à amant ». Pour les sceptiques, ce genre de situations existe vraiment dans la vie réelle. J’ai le cas dans mon entourage proche.

Bref, imaginons que vos deux personnages se détestent au début. Il vous faudra travailler avec soin la manière dont vos protagonistes se rapprochent. Cela se fera par petite touche. Si vos protagonistes tombent dans les bras l’un de l’autre sans crier gare, cela fera bizarre à vos lecteurs.

Ce piège est donc à relier avec le piège numéro 3. Cependant, il est un peu plus large, puisqu’il concerne aussi l’évolution générale de vos personnages principaux.

Par exemple, votre héroïne ne souhaite pas une relation sérieuse ; elle veut juste s’amuser. Pourquoi déciderait-elle du jour au lendemain de s’engager dans une relation sérieuse ? Qu’est-ce qui l’a fait changer de façon si radicale ?


Conclusion


Écrire une romance demande à l’auteur de bien réfléchir à :

  • ses personnages,
  • leur relation,
  • leur évolution
  • au décor,
  • et aussi à l’intrigue.

Pour toutes ces raisons, il est fondamental de bien construire ses personnages de romance. Sans quoi vos lecteurs resteront sur leur faim.


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