Écrire un roman de science-fiction : se lancer sur de bonnes bases

Écrire un roman de science-fiction, cela ne s’improvise pas. En effet, il existe un travail préparatoire à réaliser avant même de commencer à écrire ou corriger votre manuscrit.

Dans cet article, je vais vous parler de la prémisse. De mon point de vue, c’est la seule étape vraiment obligatoire dans l’écriture d’un roman, qu’il soit de science-fiction ou autre, d’ailleurs.

Pourquoi la prémisse est-elle si importante ? C’est tout simplement parce qu’elle permet de cadrer votre travail d’écriture ou de correction.


Écrire un roman de science-fiction : quand réaliser ce travail de cadrage ?


Aucun auteur de science-fiction n’a le même processus créatif. Certains écriront une fois par jour, d’autre une fois par semaine dans un café, et ainsi de suite. Il n’existe aucune règle en la matière, et tant mieux !

Pourtant, on distingue couramment deux catégories d’auteur : les jardiniers et les architectes. En réalité, il s’agit davantage d’un spectre, puisqu’aucun romancier n’est soit tout l’un, soit tout l’autre.

De manière générale, un auteur dit jardinier a des difficultés à planifier l’écriture de son premier jet. Ce type de romancier aime découvrir son histoire et ses personnages lors de l’écriture.

De leur côté, les auteurs à tendance architecte vont plutôt préférer préparer leur travail en amont, que ce soit les personnages, l’intrigue et ainsi de suite.

Pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça ? Tout simplement parce qu’en fonction de la nature de votre processus créatif, vous n’allez pas travailler sur la prémisse de votre roman de science-fiction au même moment.

Si vous avez un type de fonctionnement proche de celui des jardiniers, je vous conseille de réaliser la prémisse avant de corriger votre premier jet, quand vous aurez une meilleure idée de l’histoire que vous souhaitez narrer. Cette méthode peut sembler désorganisée aux auteurs à tendance architecte, mais elle fonctionne pour de nombreux romanciers.

Pour les auteurs à tendance architecte, ce travail préparatoire se déroulera en amont même de la préparation du roman.


Écrire un roman de science-fiction : trouver le concept de votre histoire


Ici, le mot concept est à comprendre comme le sujet de l’histoire, son thème central. C’est de manière générale une idée qui est à la fois simple, mais aussi très vague. Par exemple, je souhaite imaginer une histoire qui traite :

  • des rapports de genre dans la société,
  • des rapports de force au sein d’une famille,
  • de la puissance de l’amitié,
  • des rapports toxiques au sein du couple,
  • du monde des jeux de société,
  • d’un personnage sombre qui abandonne ses proches les uns après les autres,
  • d’une planète désertique peuplée de vers géants,
  • etc.

Le concept dont je parle ici peut-être aussi bien un personnage, une atmosphère, une évolution technologique (intelligence artificielle), un objet ou encore une thématique plus large. Bref, tout est possible ; cela dépend de votre mode de fonctionnement.

Pourquoi partir d’une idée est si important à mon sens pour planifier un roman de science-fiction ? Tout simplement parce que ce concept thématique servira de fil rouge à tout votre scénario. Il irriguera autant l’univers de science-fiction que vous inventerez que la nature des personnages que vous créerez. Votre trame narrative, votre intrigue, tout découle de cette seule et même idée.

Pour écrire un roman de science-fiction, il est donc fondamental de déterminer au plus tôt le concept de votre histoire.

À titre personnel, je considère qu’il est fondamental de raconter une histoire sur un thème qui nous est cher. Pourquoi ? Parce que vous allez passer des centaines d’heures dessus. Mieux vaut que vous soyez passionnés par la question.

Aussi, pour trouver ce concept, je vous conseille de fouiller en vous-même : quelle histoire avez-vous envie de raconter ? Qu’est-ce qui vous tient à cœur ?


Écrire un roman de science-fiction : trouver la prémisse de votre récit


La prémisse d’un récit, correspond à l’histoire résumée en une seule phrase (on peut monter à 3 phrases, hein ! Ne soyons pas psychorigide non plus). C’est le lien le plus simple entre personnage, univers et intrigue. La prémisse d’un roman de science-fiction donne également un dénouement.

Pour élaborer votre prémisse, il est important de partir de votre concept et d’imaginer pour votre roman de science-fiction :

Esquisser le conflit central

Prenons un exemple concret. Vous souhaitez écrire un roman dont le concept est : « les dangers de l’intelligence artificielle pour la société et l’humanité ». Vous pouvez commencer dans un premier temps par définir lesdits dangers. Au passage, il s’agit d’une excellente manière d’entamer vos recherches thématiques, d’accumuler de la documentation et d’organiser vos pensées.

En l’occurrence, on peut citer comme dangers :

  • la marchandisation des données,
  • la normativité,
  • la perte d’autonomie de l’humain,
  • etc.

Une fois que vous avez listé tout cela, vous pouvez schématiser les enjeux de votre récit. Cela vous aidera à esquisser le conflit central de votre histoire, c’est-à-dire la question narrative de votre roman de science-fiction.

Si l’on veut par exemple dénoncer la marchandisation des données par l’intelligence artificielle, alors on peut concevoir un conflit narratif sur la décorrélation de l’IA avec des intérêts privés (par exemple les entreprises). Il est ainsi possible d’imaginer une intrigue qui tourne autour de la politique, de la législation et du monde de l’entreprise. Est-ce que la question narrative s’orientera sur une loi qui régule le fonctionnement de l’IA ? Ou bien sur une nationalisation des intelligences artificielles reconnues d’utilité publique ?

La balle est dans votre camp.

À noter : vous n’êtes pas obligé de commencer par le conflit central ; c’est juste la manière dont fonctionne mon esprit. 😉

le meilleur univers

L’univers du récit, ou ce que John Truby appelle l’arène. C’est à cet endroit précis que la spécificité de la science-fiction entre en jeu. Car la science-fiction est une littérature qui consiste à utiliser l’univers où se déroule l’histoire pour révéler à la fois la plasticité de l’être humain et sa nature profonde. Écrire un roman de science-fiction, ce peut être aussi réfléchir à des problèmes actuels en les projetant dans l’avenir. Le fameux, et si… Bref, la science-fiction est un genre littéraire où l’univers du récit tient une place prépondérante.

La question sous-genre

Il existe plusieurs sous-genres au sein de la science-fiction :

  • anticipation,
  • cyberpunk,
  • post-apocalyptique,
  • space opera,
  • dystopie,
  • etc.

Pour moi, il n’y a pas de genre meilleur qu’un autre. Cependant, il y a des genres qui correspondent mieux au thème choisi que d’autres. Par exemple, a priori, le post-apocalyptique et l’intelligence artificielle s’associent plutôt mal, car dans un monde post-apo, il n’y a pas nécessairement d’électricité. Mais, en fiction, tout est possible.

Il vous faudra également prendre en compte vos inclinations personnelles dans votre choix. Pourquoi ? Parce que tout simplement si vous êtes adeptes d’un genre, alors vous en maîtrisez mieux les codes. Mais vous n’êtes bien entendu pas obligé de rester sur vos acquis.

Pour reprendre notre exemple de roman de science-fiction à propos de l’IA, imaginons que l’histoire se déroule dans la France de 2050. Nous sommes donc sur un roman de type anticipation.

Est-ce qu’il s’agit de la meilleure arène pour cette histoire ? Je n’en suis pas sûr. Il y a encore à creuser. Néanmoins, je vous invite à utiliser vos recherches pour colorer le monde que vous représentez et lui attribuer le plus de caractéristiques possible en lien avec votre concept.

Développer l’univers du récit ?

De mon point de vue, à ce stade-là, il n’est pas nécessaire de pousser trop loin votre réflexion sur le monde de 2050 : technologie, société, géopolitique, etc. A priori, peu importe si l’être humain voyage dans l’espace, a colonisé une planète dans une autre galaxie ou explore d’autres dimensions. Vous pourrez réfléchir là-dessus plus tard si cela affecte votre scénario.

Tout ce qui est important à ce moment précis, c’est de réfléchir aux aspects de votre univers qui affectent votre intrigue (le conflit central) et vos personnages. De façon très schématique :

  • comment la marchandisation des données affecte-t-elle la vie quotidienne des Français de 2050 ?
  • une IA en 2050, à quoi cela ressemble-t-il ?
  • comment la marchandisation des données est-elle profitable pour les entreprises ?
  • quel aspect aura une entreprise et à quoi ressemblera le monde du travail en 2050 (plateformisation de l’emploi, tout le monde des travailleurs indépendants, salariat, etc.) ?
  • comment fonctionne le système législatif dans cette France futuriste ?

Le meilleur protagoniste

Certains dramaturges affirment que l’intrigue, l’arène et le conflit central doivent obligatoirement découler du protagoniste, de son combat intérieur et de son objectif. En effet, une grande partie de la tension narrative trouve son origine dans la motivation du personnage principal à surmonter les obstacles pour résoudre son problème.

Je pense qu’il est possible d’être plus flexible. L’important, de mon point de vue, est que les trois points de la prémisse soient reliés les uns aux autres, peu importe si l’on part du personnage, du conflit ou de l’univers. Néanmoins, il reste fondamental d’attribuer au protagoniste un objectif clair et identifiable.

Pour en revenir à notre histoire, à ce stade du roman, il vous faudrait réfléchir à :

  • comment la marchandisation des données par les entreprises créatrices d’intelligence artificielle affecte-t-elle le protagoniste en particulier ?
  • de quelle manière il est lié à ces entreprises ?
  • quelle est la relation du héros ou de l’héroïne avec les instances législatives ?
  • quel est le plus gros trait de personnalité qui fait que le protagoniste est mêlé à cette histoire ?

Écrire la prémisse

Une prémisse, c’est entre une et trois phrases qui reprennent les éléments principaux du roman de science-fiction que vous souhaitez écrire. Une fois que vous avez tous les éléments, vous pouvez vous lancer.

Pour notre histoire d’intelligence artificielle et de marchandisation des données, cela pourrait donner cela :

2053. Après la mort de son frère à cause de l’intelligence artificielle, une idéaliste spécialiste des algorithmes, Germaine, infiltre la plus grande entreprise française en matière d’IA. Germaine n’a qu’une idée en tête : obtenir justice. Grâce à un membre du parlement, Germaine parviendra à révéler au grand jour le scandale de la marchandisation des données liées à l’IA et faire changer la loi française à ce sujet.

Voilà, vous avez ici en quelques phrases le déroulement de l’histoire. Il vous suffira de réfléchir et développer chacune des phases pour écrire un roman de science-fiction en toute simplicité. 😉


Écrire un roman de science-fiction : l’utilité de la prémisse


À quoi cette prémisse peut-elle vous servir ?

Si vous êtes un auteur sui se positionne davantage du côté des jardiniers, la prémisse vous aidera à cadrer votre travail de corrections. Grâce à elle, vous saurez que l’histoire d’amour entre Germaine et Raymond, qui occupe plus de 100 pages dans votre manuscrit, n’a aucune utilité pour votre trame principale. Il existe donc de fortes chances pour que vous deviez couper toute cette partie. Ne riez pas, mais j’ai un manuscrit de ce genre qui m’attend sur mon ordinateur, avec peut-être 30 % de l’histoire à jeter. C’est comme ça, la dure vie de jardinier… Ce travail de prémisse vous aidera donc à rendre votre roman de science-fiction plus impactant maintenant que vous connaissez la trame principale de votre roman.

Si vous êtes plutôt à tendance architecte, alors vous devrez développer cette prémisse point par point pour en obtenir des personnages fouillés, un synopsis détaillé, puis un scène à scène (si c’est de cette manière dont vous travaillez). Bref, cette prémisse, c’est la graine à partir de laquelle poussera votre roman.


Conclusion


Pour écrire un roman de science-fiction, il est important de travailler à un moment ou un autre sur la prémisse de l’histoire. En effet, cette dernière vous permettra soit de cadrer l’écriture du premier jet, soit de retravailler le roman en profondeur pour le rendre plus impactant.

Par exemple, en travaillant sur la partie personnage de votre prémisse, vous amorcerez la réflexion sur la caractérisation du protagoniste de votre roman de science-fiction.


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