Créer un personnage de roman d’amour crédible et attachant

Par essence, une romance est une histoire qui consiste à observer une relation émotionnelle et interpersonnelle entre deux ou plusieurs personnages. La romance est donc un genre littéraire entièrement tourné vers les protagonistes, leurs sentiments réciproques et l’évolution de leur relation ou de leur personnalité. Pour cette raison, un personnage de roman d’amour se doit d’être crédible et attachant.

Pourquoi ? Parce que si votre héros ou héroïne manque de crédibilité, le lecteur refermera très vite le roman. Contrairement à un roman d’aventures, où il est possible de moins fouiller la caractérisation des protagonistes, dans une romance ce serait comme écrire un récit à la « Indiana Jones », mais sans chasse au trésor archéologique. Bref, mettre en scène un personnage de roman d’amour peu caractérisé, c’est comme vider ce genre littéraire de sa substantifique moelle.

De la même manière, un héros, une héroïne ou un antihéros de romance doit générer de l’émotion chez le lecteur. Ce peut être de l’attachement, mais aussi de la fascination, voire de la répulsion ou du dégoût dans le cas de l’antagoniste. En effet, dans un roman d’amour, faire vivre des émotions aux lecteurs est fondamental. C’est ce que les lecteurs de ce genre viennent rechercher. Et, spoiler alert, le sexe ou l’érotisme génèrent un spectre d’émotions trop étroit pour garder le lecteur sur l’ensemble du roman. Vous pouvez d’ailleurs très bien écrire un roman d’amour sans l’un ou sans l’autre. Ce qui est important dans une romance, ce sont bel et bien les rapports humains et les émotions que cela suscite chez le lecteur.

Dans cet article, je vais donc vous donner quelques astuces d’auteur pour créer un personnage de roman d’amour crédible et attachant.


Personnage de roman d’amour : pourquoi lui donner un but


Qu’est-ce qu’un objectif pour un personnage ?

L’objectif de votre personnage, c’est tout simplement ce que votre personnage souhaite obtenir dans la vie. Ce peut être un but :

  • matériel (avoir de l’argent),
  • social (se marier),
  • de statut (appartenir à la noblesse),
  • ou encore psychologique ou émotionnel (tomber amoureux).

L’objectif de votre personnage de roman d’amour doit être concret et atteignable. Si le but est trop abstrait, alors vous aurez des difficultés à répondre à la question narrative (le protagoniste atteint-il oui ou non son objectif ?).

3 raisons de donner un objectif à votre personnage de roman d’amour

Donner un objectif à votre personnage de roman d’amour permet au lecteur de mieux comprendre qui est le protagoniste. En effet, les motivations d’une personne dans la vie en disent parfois très long sur sa personnalité.

De plus, cela aide à donner de l’épaisseur au personnage : l’objectif naît du passé et de l’expérience de vie de ton personnage. C’est donc l’occasion de travailler la caractérisation de ton personnage en réfléchissant au passé. Pourquoi ton personnage de roman d’amour en est-il arrivé là ?

Enfin, ce que l’on appelle conflit narratif naît tout simplement de la friction entre :

  • l’univers dans lequel évolue votre personnage (les règles qui régissent son environnement),
  • ce que votre protagoniste veut obtenir dans la vie (et donc les actions qu’il entreprend pour l’obtenir),
  • et les résultats de ces actions (l’intrigue).

En d’autres termes, le but de votre personnage crée de l’enjeu pour les lecteurs. Or, l’enjeu est source de tension narrative. Et vos lecteurs aiment la tension narrative.

Un exemple d’objectif

Prenons l’exemple d’une romance où le héros, de basse extraction, souhaite devenir riche par tous les moyens, y compris en vendant son propre corps (le trope « de pauvre à riche »). C’est un trope classique, voire éculé, mais qui fonctionne encore très bien (regardez tous les dramas asiatiques).

Ici, l’objectif et les motivations de ce personnage de type antihéros sont clairs : il veut gagner de l’argent, quitte à recourir à des moyens réprouvés par les bonnes mœurs et de la morale contemporaine.

Avec un personnage de ce type, on peut très bien imaginer qu’il infiltre les milieux aisés pour leur soutirer de l’argent en utilisant son charme. C’est ainsi qu’il rencontrera une ou plusieurs personnes dont il tombera amoureux (ou pas). 😉 Peut-être même finira-t-il en couple ?

Cette romance se terminera lorsque l’auteur répondra à la question dramatique suivante : le héros est-il oui ou non devenu riche ?


Attribuer des qualités et des défauts au personnage de roman d’amour


Pour être convaincant, un personnage de roman d’amour doit ressembler à un véritable être humain. Le prince charmant qui est beau, riche et vertueux, en plus d’être ennuyeux à mourir pour le lecteur, n’est tout simplement pas vraisemblable.

Pour être crédible aux yeux des lecteurs, je vous recommande d’attribuer à vos personnages des qualités et des défauts, comme tout être humain.

La différence entre défaut et faille

En soi, les deux mots sont très proches l’un de l’autre. Pourtant, en fiction, je différencie à titre personnel le défaut de la faille (critique).

Le défaut

Dans cet article, le défaut correspond à un attribut non désirable. Celui-ci peut-être physique, morale ou psychologique. Par exemple, votre protagoniste est grincheux. Ou alors, à l’instar de Cyrano de Bergerac, votre protagoniste a un gros nez.

Les défauts peuvent avoir une incidence sur l’intrigue. Dans le cas de Cyrano, cela le pousse à aider Tristan à séduire Roxane, au lieu de lui avouer la passion amoureuse qu’il éprouve à son égard. Mais les défauts peuvent simplement faire partie du charme de votre personnage sans pour autant influer sur votre récit.

D’un point de vue dramaturgique, le défaut joue un rôle secondaire (mais important). Le défaut renforce le réalisme et l’authenticité de votre personnage.

La faille morale (critique)

Au contraire du défaut, ce que j’appelle faille morale (critique) joue un rôle central d’un point de vue dramaturgique. Dans les romans où le protagoniste est amené à évoluer, la faille est au cœur même de la narration. La faille est le problème moral principal que le narrateur doit résoudre dans l’histoire.

Cependant, le protagoniste n’a pas conscience de cette faille. Et tout l’enjeu du récit consiste à faire prendre conscience à ce personnage de sa faille ; d’aider celui-ci à évoluer, à changer sur ce point précis de son comportement.

Dans le cas de Cyrano de Bergerac, sa faille morale, c’est sa lâcheté en amour. L’homme est pourtant courageux lorsqu’il s’agit de combattre ou de livrer un duel. Pourtant, il est incapable d’avouer à Roxane son amour. Tout l’enjeu de la pièce de théâtre d’Edmond Rostand consiste à pousser Cyrano hors de sa zone de confort. L’homme avoue à la fin ses sentiments, mais avant de mourir et uniquement parce que Roxane avait déjà découvert la vérité.

À noter : Cyrano de Bergerac est avant tout une tragédie. Or, le héros tragique ne résout jamais sa faille à la fin. Dans un roman où il y a une fin plus heureuse, le personnage principal résout son problème, il change véritablement. Et c’est ce qui est émouvant pour le lecteur.

À noter 2 : j’utilise la « méthode des 5 pourquoi » pour affiner les failles morales de mes protagonistes et comprendre pourquoi ils se comportent de cette manière.

Les qualités et les défauts pour rendre vos personnages plus attachants

Il est important que vos personnages aient des faiblesses, voire des vices. Cela permet de les rendre plus humains. Et surtout, cela favorise l’attachement du lecteur à leur égard.

Voici un exemple très personnel. Ce n’est pas une romance, mais un roman de Fantasy. Néanmoins, le mécanisme est le même pour un personnage d’un roman d’amour. Dans La Roue du Temps, mon personnage préféré est Matrim Cauthon. Pourtant, le personnage commet de nombreuses erreurs, il passe son temps à râler, à parier de l’argent et à boire dans les tavernes. Mais c’est ce qui fait son charme et c’est la raison qui me rend ce personnage sympathique.

De la même manière, votre personnage de roman d’amour ne peut pas avoir que des défauts. Ce ne serait pas humain. Il lui faut également des talents particuliers, des atouts ou encore des vertus. Bref, quelque chose qui le différencie des autres.

Toujours dans La Roue du Temps, la force principale de Matrim c’est le fait qu’il se souvient de toutes ses vies passées ; il est ainsi une encyclopédie vivante sur le plan de la stratégie militaire. Cette qualité, c’est une des raisons qui rend ce personnage fascinant pour le lecteur que je suis.

Pour en revenir à la romance (désolé pour la digression), ce qui rend Cyrano de Bergerac captivant, voire séduisant, c’est son panache, sa maîtrise de la langue, son humour et son ironie mordante. Ce n’est pas pour rien que Tristan lui demande de l’aide pour séduire Roxane. Ce dernier sait que Cyrano est un virtuose de la poésie et des mots.


Faire vivre des émotions au personnage de roman d’amour


Lorsqu’il lit un roman, le lecteur s’identifie au personnage. J’utilise ici le mot « identifier » dans le sens où le lecteur se dit :

« Ah ouais, ça doit être dur, quand même. Le pauvre ! »

Et le lecteur vit des émotions par procuration.

Par quel miracle un personnage de fiction (c’est-à-dire quelqu’un qui n’existe pas) parvient-il à émouvoir ainsi les lecteurs (des individus de chair et de sang) ? L’empathie.

C’est encore plus important dans une romance que dans d’autres genres littéraires. Savoir comment écrire pour faire vivre vos personnages est donc fondamental.

  • Amour,
  • Haine,
  • Colère,
  • Passion,
  • ou encore désespoir…

Assurez-vous de maîtriser les techniques de Show ou du monologue intérieur pour que le lecteur vibre et souffre en même temps que vos personnages.


Donner une voix au personnage de roman d’amour


Dans le cas d’une narration en point de vue interne, l’auteur a la possibilité d’utiliser la voix du narrateur pour rendre le protagoniste plus attachant.

Cette voix est très liée à la caractérisation de votre narrateur (qui est bien souvent votre protagoniste, mais ce n’est pas une obligation). Et la voix de votre personnage est à travailler avec soin, car c’est un facteur considérable d’attachement pour le lecteur.

Bridget Jones serait-elle Bridget Jones sans son sens de l’humour ?

Bien sûr, ce n’est qu’exemple de caractérisation. Il existe autant de caractérisations que de personnages. Tout ce qu’il vous faut, c’est affûter votre plume et travailler votre style pour répercuter le ton unique de votre narrateur dans votre texte.


Construire une histoire personnelle à votre personnage de roman d’amour


L’auteur doit donner au lecteur l’impression que le personnage a une vie en dehors de l’histoire. Dans cette histoire personnelle, on peut compter :

  • des amis,
  • des ex-compagnes ou compagnons,
  • des choses qu’il aime ou déteste,
  • des loisirs,
  • des raisons pour avoir choisi tel ou tel travail,
  • etc.

En plus de rendre votre personnage crédible, c’est grâce à cette constellation de petites choses que le lecteur s’identifiera à votre héros ou héroïne et s’attachera à lui.

Enfin, un personnage de roman d’amour réaliste a besoin d’un passé. De mon point de vue, c’est un facteur essentiel de crédibilité. Car c’est dans ce passé que se cachent les petits détails ou épisodes qui permettront au lecteur de :

  • comprendre le comportement de votre personnage,
  • et s’attacher à lui.

À noter : dans le cas d’une faille morale, l’histoire personnelle révèle au lecteur petit à petit les origines du problème (même si ce n’est pas une obligation complète).

Bien entendu, cette histoire personnelle doit être révélée petit à petit, au fil des pages du roman. Pour ce faire, l’auteur peut utiliser un souvenir (par exemple, un objet ou un endroit rappelle quelque chose au personnage), un flashback ou un dialogue.


Conclusion


Créer un personnage de roman d’amour qui soit réaliste demande de lui attribuer :

  • un but ;
  • des défauts et qualités ;
  • une faille critique (optionnel) ;
  • et un passé.

Cependant, construire votre personnage n’est qu’une petite partie du travail. En effet, l’une des plus grosses difficultés pour l’auteur consiste à donner vie à ce protagoniste. Mais là, on est plutôt sur une question de forme.


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