Très souvent sur Internet, les réseaux sociaux ou les forums d’écriture, je vois des confusions qui me semblent assez gênantes entre le correcteur professionnel et la bêta-lecture. Le problème est si profond que les IA elles-mêmes se trompent parfois.
Pourtant, la bêta-lecture et la correction (orthographique) d’un roman n’ont rien à voir l’une avec l’autre, puisqu’il s’agit de 2 étapes à part entière de la vie d’un roman. Voici quelques explications pour vous aider à comprendre .

Que signifie corriger un roman ?
La définition du mot corriger
Je me permets une petite « leçon » de français ici, car le mot correction est polysémique.
Au 13e Siècle, le mot corrigé avait pour signification principale le fait de réprimander quelqu’un. Puis, il a pris le sens suivant au 14e Siècle : « Action de redresser quelque chose » (Dictionnaire CNRTL). Ce n’est que 3 siècles plus tard qu’il s’est enrichi d’une signification supplémentaire : « qualité de ce qui est correct ». En 1860, corriger peut aussi être utilisé dans le contexte suivant : « action de relever les fautes d’un devoir que l’on note ».
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De bêta-lecture à correcteur professionnel : les différentes formes de corrections d’un roman
Dans un contexte d’écriture, un auteur ou autrice parle souvent de corriger son manuscrit. Pire encore, les romanciers ou éditeurs utilisent ce mot à plusieurs étapes de la vie d’un manuscrit, alors qu’il s’agit de processus différents :
- les corrections de fond et de formes visent à améliorer l’intrigue, le roman et ainsi de suite. Elles sont réalisées par l’auteur ou l’autrice après les retours de bêta-lecture ou éditoriaux (les fameuses corrections éditoriales).
- les corrections orthographiques, grammaticales et sémantiques d’un roman sont réalisées quant à elle par un correcteur professionnel certifié. Ce dernier va relire votre roman pour s’assurer que ce dernier ne contient aucune faute d’orthographe ou autres soucis de cet acabit.
Différentier le travail du bêta-lecteur et celui du correcteur professionnel

Pour bien comprendre la différence entre le travail du bêta-lecteur et celui du correcteur professionnel, il faut revenir au processus de création d’un roman.
Spoiler alert : la chaîne est longue et le processus varie :
- d’un mode d’édition à un autre,
- et d’un auteur à un autre.
Les étapes du processus de création d’un roman
Le bêta-lecteur et le correcteur professionnel interviennent à des étapes différentes de la création d’un roman.
On pourrait schématiser le processus de création d’un roman de cette manière (même si c’est rarement de cette façon-là que les étapes se déroulent) :
- Écriture du premier jet.
- Première phase de corrections (l’auteur reprend tout seul son roman pour revoir tous les problèmes qu’il a lui-même repérés.
- Bêta-lecture du roman par une ou plusieurs personnes.
- Corrections de fond et de forme de l’auteur en fonction des retours.
- Retours éditoriaux.
- Corrections éditoriales de l’auteur.
- Le correcteur professionnel vérifie l’orthographe, la syntaxe, la grammaire, la sémantique, etc.
- Validation des corrections orthographiques par l’auteur.
- Relecture du BAT par l’auteur.
- Impression du roman
Le travail du bêta-lecteur
La bêta-lecture a pour objectif d’aider un auteur à vérifier que son manuscrit fonctionne comme il le souhaite. Par exemple, pour un roman humoristique, il est fondamental de s’assurer que les plaisanteries marchent bel et bien sur le lecteur.
À partir de son expérience, le bêta-lecteur va réaliser un rapport de bêta-lecture pour que l’auteur puisse reprendre son texte dans le sens qu’il souhaite.
On est donc, ici, plutôt dans le sens suivant : « Action de redresser quelque chose ». La nuance est importante : à aucun moment, le bêta-lecteur ou même l’éditeur ne détient la vérité sur le roman. Aucun d’eux ne sais ce qui est correct ou non. À aucun moment le bêta-lecteur ou l’éditeur ne se positionne comme un professeur qui dit à l’auteur ce qui est correct ou non dans le roman. Personne ne possède la bonne réponse. Tout le monde « devine » en fonction de son ressenti.
Tout au plus l’éditeur et le bêta-lecteur peuvent-ils émettre des suggestions et poser des questions pour orienter les réflexions de l’auteur.
Que ce soit l’auteur, le bêta-lecteur ou l’éditeur : tous trois ont pour objectif d’obtenir à la fin le meilleur roman possible (style, rythme, histoire, etc.). Objectif : captiver le lecteur par l’histoire, les réflexions ou autres.
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Le travail du correcteur professionnel
En revanche, les corrections orthographiques, grammaticales et sémantiques d’un roman (étape 7 de la chaîne) sont réalisées par un correcteur professionnel certifié.
Pour quelles raisons demander cette certification ou diplôme ?
Tout simplement parce que ces corrections sont à comprendre dans le sens le plus récent du terme, à savoir : « qualité de ce qui est correct ». La langue française a ses complexités et un mot a une signification bien précise. De la même manière, il existe une manière d’accorder un verbe, un adjectif. Dans la même veine, la grammaire a des règles.
L’objectif du correcteur professionnel n’est pas de captiver le lecteur. Son objectif est de s’assurer que les règles de la langue française soient respectées.
La nuance est de taille.
Conclusion : ne demandez pas à votre bêta-lecteur de faire le travail d’un correcteur professionnel
Une bêta-lecture a pour objectif d’aider les auteurs à affuter leur roman. Le bêta-lecteur se penche davantage sur le fond du manuscrit (construction narrative ou autre) et parfois la forme. Cependant, il travaille peu sur l’orthographe pour 2 raisons :
- l’auteur ou autrice va corriger le texte après les retours ; une correction orthographique à ce moment-là serait donc une perte de temps ;
- le bêta-lecteur n’est pas nécessairement un professionnel de l’orthographe certifié ;
- l’utilisation d’un correcteur professionnel n’a de sens qu’au moment de la publication, pour s’assurer que le français utilisé dans le roman est correct.
En conclusion, ne demandez pas à votre bêta-lecteur de corriger votre texte. Ce n’est pas son rôle, il est trop tôt et il n’en a peut-être pas les compétences. 😉 Mais, s’il est sympathique, votre bêta-lecteur pourra à la rigueur vous signaler les fautes récurrentes que vous faites. Sait-on jamais… 😉
Le bêta-lecteur arrive en milieu de chaîne, et le correcteur à la fin. Parfois, certains auteurs ou autrices font appel à un alpha-lecteur en tout début d’écriture ; d’autres utilisent un sensitivity reader quand il s’agit de s’assurer que leur manuscrit ne contient aucun problème de représentation.
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