Quelle est l’utilité d’une bêta-lecture ?

Pour un auteur, l’utilité d’une bêta-lecture sur son roman est triple. La bêta-lecture lui permet d’obtenir un regard extérieur sur son travail et de vérifier la cohérence et la clarté de son roman. Plus important encore, la bêta-lecture est pour lui un moyen de progresser dans sa pratique de l’écriture.


Qu’est-ce qu’une bêta-lecture ?


Lorsqu’un auteur termine son roman, l’étape suivante dans la vie du manuscrit consiste à tester l’histoire. En effet, peu importe ses ambitions pour le manuscrit (publication en autoédition, proposition du manuscrit à des maisons d’édition, etc.), l’auteur doit s’assurer de la qualité de son roman.

C’est la tâche du bêta-lecteur, qui lit le roman en avant-première. Cependant, la bêta-lecture va plus loin qu’une simple lecture dite « amateure » ou de « plaisir ». Le bêta-lecteur doit ainsi analyser le texte de manière à souligner à son auteur les passages qui fonctionnent et ceux à améliorer. Il s’agit également de s’intéresser à la structuration du roman, voire dans certains cas à la manière dont l’auteur traite de son sujet.

La bêta-lecture est en quelque sorte l’épreuve de feu d’un manuscrit. Et bien souvent, une bêta-lecture pousse un auteur à reprendre son manuscrit en profondeur. En effet, le bêta-lecteur amène à l’auteur un regard extérieur sur son texte.


Obtenir un regard extérieur sur son manuscrit


Tout dépend de la taille du manuscrit. Bien entendu, une histoire qui compte 300 000 mots va demander beaucoup plus de temps à son auteur qu’un manuscrit de 50 000 mots. Néanmoins, un auteur passe parfois des milliers d’heures sur son roman. Il s’endort en pensant à son histoire et il se réveille en compagnie de ses personnages. Certains auteurs m’ont même rapporté qu’ils rêvaient de leur récit.

Bref, l’auteur vit son histoire à fond. Or, lorsque l’on est ainsi immergé dans un sujet et dans un univers, il est difficile de prendre du recul. Tous les détails, les liens entre les différentes ramifications de l’histoire semblent aller de soi. Les réactions des personnages paraissent logiques, tant l’auteur les connaît bien. De plus, l’auteur va utiliser un vocabulaire et des expressions qui lui sont familières, il va réaliser des analogies qu’il fait lui-même dans sa tête. Le roman dans son entièreté lui donnera l’impression d’aller de soi. Néanmoins, toutes ces apparentes évidences peuvent très vite voler en éclat lorsqu’une personne extérieure se met à lire le roman en question.

Si le roman est écrit pour le seul plaisir de l’auteur, alors cette situation n’est pas un problème. Cependant, si l’auteur souhaite publier son roman et le diffuser au plus grand nombre, alors il lui faut le rendre accessible au public.

Cela signifie notamment :

  • identifier ses tics de langage ;
  • identifier les zones d’ombre dans le texte ;
  • identifier les problèmes de caractérisation des personnages ;
  • et parfois même aider l’auteur à identifier ce qu’il a cherché à faire avec son histoire.

De fait, la bêta-lecture, par toutes les questions qu’elle pose et les problèmes qu’elle soulève, permet à l’auteur de retravailler le fond et la forme de son manuscrit.


Utilité d’une bêta-lecture : retravailler le fond et la forme d’une histoire


Ce que j’appelle le fond d’une histoire comprend aussi bien :

  • la gestion de l’intrigue ;
  • la structuration de l’intrigue ;
  • le traitement des thématiques dans l’histoire ;
  • la gestion de l’information dans le roman ;
  • et la gestion des personnages.

En d’autres termes, tout ce qui n’est pas en rapport avec la gestion de la forme dans le roman.

Cette distinction entre fond et forme est cependant un peu arbitraire, voire contre-productive. En effet, les problèmes de forme rejaillissent bien souvent sur le fond.

Par exemple : si le style de l’auteur est abscons, alors l’immersion du bêta-lecteur sera moindre, et ce dernier fera remonter des problèmes de compréhension de l’histoire.

De la même manière, une mauvaise gestion du Show, du Tell et du point de vue narratif engendre parfois des difficultés à entrer en empathie avec les personnages, et donc par voie de conséquence, cela crée des problèmes de tension narrative.

En d’autres termes, tout est lié.

Et c’est la principale utilité d’une bêta-lecture : donner à l’auteur un retour analytique sur son texte. En effet, une bêta-lecture de qualité indiquera non seulement à l’auteur les ressentis du bêta-lecteur face au texte, mais en outre le bêta-lecteur réalisera une analyse poussée et détaillée des origines des problèmes. On est donc loin, ici, d’un simple retour orthographique.

Une bêta-lecture aide donc l’auteur à améliorer son texte point par point. Et donc à rendre son histoire plus accessible.


Utilité d’une bêta-lecture : aider l’auteur à mieux écrire


Écrire une histoire, c’est un acte de communication avec 3 éléments à prendre en considération :

  • l’auteur ;
  • le texte ;
  • le lecteur.

Pour le dire de la façon la plus claire possible : l’auteur souhaite raconter à son lecteur une histoire. Pour ce faire, il utilise le langage écrit.

La tâche de l’auteur est double.

Elle consiste d’une part à rendre son récit le plus compréhensible possible pour le lecteur. Sinon, personne ne prendra la peine de lire le récit. Et si ce point vous étonne, interrogez-vous : combien de pages d’un roman liriez-vous s’il y a 3 ou 4 phrases par paragraphe que vous ne comprenez pas ? Pour rendre un récit compréhensible, l’auteur doit utiliser un langage commun et des codes que ses lecteurs maîtrisent (c’est-à-dire des codes du 21e siècle – ce qu’écrivait Rabelais n’est plus forcément adapté à un lectorat contemporain). Cela passe aussi par l’utilisation de formulations claires et concises.

D’autre part, pour conserver l’intérêt du lecteur, l’auteur doit mettre en place des techniques narratives afin de jouer avec les émotions du lecteur. Plus l’auteur touche son lecteur sur le plan émotionnel et plus le lecteur sera attentif à son message. Et donc plus il ira loin dans l’histoire.

Pour un auteur, l’utilité d’une bêta-lecture est donc multiple. C’est pour lui l’occasion de tester ces différentes techniques narratives, de comprendre ce qui fonctionne sur un lecteur contemporain et ce qui fonctionne moins bien. C’est aussi une opportunité de forger sa propre approche de ces techniques afin de donner une identité propre à ses textes. Mais c’est aussi l’occasion de comprendre comment utiliser la langue écrite pour avoir le maximum d’impact sur les lecteurs. Spoiler alert : la plupart du temps, les formules ronflantes ne fonctionnent pas.


Conclusion


L’utilité d’une bêta-lecture n’est plus à démontrer. Cependant, il est important de garder en tête un facteur important. Une bêta-lecture sera toujours subjective. Ce qui est vrai pour un bêta-lecteur ne l’est pas nécessairement pour un autre. Pour cette raison, il est conseillé de travailler avec plusieurs bêta-lecteurs sur un même roman. De cette manière, l’auteur a plus de chances d’obtenir un retour objectif sur son texte.

De la même manière, tous les bêta-lecteurs ne possèdent pas les mêmes capacités d’analyse. Et c’est parfois ce qui justifie les différences de prix d’un bêta-lecteur professionnel à un autre.


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