Retravailler un roman est un processus long, complexe et non linéaire. En effet, pour que son histoire fonctionne, un auteur a besoin de tester à plusieurs reprises son récit. Et pour ce faire, il a besoin de bêta-lecteurs aguerris qui savent lui faire remonter les points forts de son manuscrit et ce qui fonctionne moins bien.
Qu’est-ce que la bêta-lecture
De manière générale, la bêta-lecture est une lecture analytique d’un roman, d’une nouvelle ou d’un extrait. Il s’agit d’expliquer à un auteur de manière bienveillante et pédagogique :
- ce qui fonctionne dans son texte,
- ce qui ne fonctionne pas,
- et de lui donner des pistes de réflexion.
Bien entendu, un bonne bêta-lecture s’adapte au texte de l’auteur et à ses intentions. D’où l’intérêt de recourir à un bêta-lecteur professionnel.
Retravailler un roman : un processus long, complexe et non linéaire
Parmi les mythes et légendes sur l’écriture d’un roman, l’une d’elles a la peau dure. Le génie d’un écrivain se reconnaît dès la première ligne de son premier texte. C’est comme si on prêtait aux auteurs un pouvoir magique qui leur conférait la capacité d’écrire leur roman d’une seule traite. Et une fois cela fait, il ne leur resterait plus qu’à effectuer de menues retouches et revoir l’orthographe de leur manuscrit.
Retravailler un roman : un processus long et complexe
Malheureusement ou heureusement, retravailler un roman est une étape beaucoup plus complexe que ça.
Malheureusement, car reprendre un roman du début à la fin demande beaucoup de travail. Il s’agit bien souvent de supprimer des parties entières du manuscrit, de réécrire plus de la moitié de l’histoire et de s’arracher les cheveux pour faire tenir debout toute l’intrigue. C’est un travail minutieux qui exige une certaine méthode.
Heureusement, car cela signifie qu’avec un travail acharné, il est possible pour tout auteur d’obtenir un roman qui tient la route, c’est-à-dire un roman publiable.
Retravailler un roman : un processus non linéaire
Si retravailler un roman est un processus complexe, c’est parce que cela demande de reprendre de nombreux éléments, de les lier les uns avec les autres et de créer du sens pour que le lecteur puisse se les approprier. Cela demande de la méthode. Mais, il est aussi nécessaire de maîtriser des techniques narratives et dramaturgiques parfois complexes.
De plus, chaque modification a un impact sur le reste de l’histoire et sa perception par le lecteur. Il est tellement facile d’introduire des incohérences. Ou de saborder une fin. Ou encore d’introduire un élément qui brise toute la tension narrative de l’histoire.
Aussi, de nombreux auteurs effectuent plusieurs phases de corrections, parfois très espacées dans le temps. Bien souvent, les manuscrits sélectionnés par un éditeur ont connu jusqu’à 6 ou 7 versions différentes. Parfois, il s’agissait de corriger la gestion du point de vue et la caractérisation du personnage dans la version précédente. Mais en faisant cela, l’auteur a mal ajusté la question du conflit narratif. Parfois, l’auteur a revu l’intrigue. Il a cependant par la même occasion introduit des problèmes avec la caractérisation de son protagoniste. Et ainsi de suite. Comme je le disais dans le paragraphe précédent, tout est lié. Et il est souvent nécessaire de tout remettre à plat, de tout reprendre depuis le début. Il s’agit donc d’un processus itératif où l’auteur procède à des modifications et des vérifications auprès d’un bêta-lecteur jusqu’à ce que son histoire fonctionne.
Le tâtonnement au cœur du processus de création
Et il est absolument normal de tâtonner en retravaillant un roman. Cela fait partie du processus de création. En effet, la littérature fonctionne comme l’art à ce sujet. Les artistes font des esquisses et des études avant de se lancer. Puis, ils reprennent encore et encore leur œuvre pour obtenir un résultat qui approche de ce qu’ils souhaitent. Les auteurs font quant à eux des versions différentes d’un texte.
La bonne nouvelle, c’est que plus un auteur prend de l’expérience, plus la reprise du manuscrit devient simple et efficace. Ainsi, une autrice qui a publié une trilogie pour adolescents m’a décrit ses progrès en la matière. Le premier tome de sa trilogie en était à la v9 lorsqu’il a séduit son éditrice. Le troisième tome est parvenu quant à lui à son éditrice à la v5. Soit, une marge de progression impressionnante.
Quel était a été son outil principal pour améliorer ainsi ses écrits ? La bêta-lecture.
Retravailler un roman : l’importance de la bêta-lecture
Pourquoi la bêta-lecture est-elle une étape incontournable dans le travail d’un roman ? Tout simplement parce que la bêta-lecture donne à un auteur la possibilité de tester son texte auprès d’une personne avertie.
La bêta-lecture permet ainsi à un auteur de comprendre d’une version à l’autre ce qu’il a réussi et ce qui manque encore à son texte.
Grâce à la bêta-lecture, un auteur améliore petit à petit son texte. Mais en plus, la bêta-lecture lui permet de tester sa maîtrise des techniques narratives, d’essayer de nouvelles choses et de progresser petit à petit.
Même des auteurs acclamés et aguerris utilisent la bêta-lecture comme outil pour améliorer leurs textes. J’ai ainsi été impressionné par la liste de bêta-lecteurs mentionnés dans les remerciements d’un roman de Brandon Sanderson (Rythm of war pour ceux que cela intéresse). Il y avait à la louche environ 40 bêta-lecteurs. Sans parler des gamma-lecteurs (ceux qui passent après que l’auteur ait retravaillé son roman). Pourtant, cet auteur a publié au bas mot environ 30 romans.
À titre personnel, j’ai véritablement commencé à progresser dans mon écriture à partir du moment où j’ai eu recours à des bêta-lecteurs.
Conclusion
La bêta-lecture est l’un des outils les plus efficaces que je connaisse pour progresser en écriture et améliorer un manuscrit. Il s’agit d’ailleurs de l’outil dont je me sers le plus pour retravailler un roman.
Cependant, toutes les bêta-lectures ne se valent pas. Il est ainsi important de s’assurer que votre bêta-lecteur a les compétences pour vous relire. De plus, il vous faut également vous demander si votre bêta-lecteur correspond à votre lectorat cible. Car, un bêta-lecteur est avant tout un lecteur.
Et vous, combien de fois avez-vous fait bêta-lire votre manuscrit ?