La bêta-lecture : guide de survie ultime

Qu’est-ce qu’une bêta-lecture ? Et surtout, à quoi sert-elle ? Pour un auteur qui commence tout juste à se plonger dans le monde de l’écriture, la question peut sembler un peu opaque. Et il y a en effet de quoi être confus lorsque l’on voit la pléthore de termes utilisés sur des forums, les réseaux sociaux ou les sites d’auteurs pour désigner la même chose. Sans parler aussi des personnes qui font des confusions.

Mais pas de panique ! Bêta-lecteur depuis maintenant 2016, j’ai écrit ce petit guide pour que tu puisses te repérer dans toute cette jungle.

Au programme :


Définition de la bêta-lecture


Définition de la bêta-lecture : Retour analytique où l'auteur explique : - ce qui fonctionne ; - ce qui peut être amélioré.

Au sens étymologique

D’un point de vue étymologique, bêta-lecture vient du grec βήτα, la deuxième lettre de l’alphabet. Stricto sensu, la bêta-lecture correspond donc à la deuxième lecture d’un roman.

D’accord, mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce qu’une bêta-lecture ?

Définition concrète

Une bêta lecture consiste à tester un manuscrit (que ce soit un roman ou une nouvelle).

Cela correspond à une lecture analytique d’un roman. Plus concrètement, la bêta-lecture consiste à expliquer à un auteur :

  • ce qui fonctionne dans son manuscrit,
  • ce qui ne fonctionne pas
  • et ce qu’il faudrait faire pour que cela fonctionne mieux.

Une bêta-lecture n’est pas une relecture orthographique. De nombreux bêta-lecteurs sont mauvais en orthographe ou ne relèvent tout simplement jamais les fautes. Certains types de bêta-lecture, par exemple les synthèses, ne s’intéressent même pas à ce niveau de détails. En effet, une faute d’orthographe est un détail. Un bon bêta-lecteur ne signalera des fautes que si elles sont récurrentes au point de gêner sa lecture.


Pourquoi faire bêta-lire son roman ?


L’utilité de la bêta-lecture n’est plus à prouver. Elle permet :

  • de se confronter au regard du lecteur ;
  • d’obtenir un manuscrit plus abouti ;
  • et de progresser dans sa pratique de l’écriture.

Tout auteur qui souhaite placer son manuscrit dans une maison d’édition ou autoéditer son roman doit avoir au moins reçu plusieurs relectures sérieuses.

La bêta-lecture pour se confronter aux lecteurs

Tester un manuscrit est une étape incontournable dans la vie d’un roman ou d’une nouvelle. En effet, très souvent, un auteur a travaillé dans son coin. Il a peaufiné son histoire, donné vie à ses personnages. Il en a même tué quelques-uns (parfois). 🙂 L’auteur a vibré à mesure qu’il a écrit son histoire. Et c’est très bien ! La passion de l’auteur pour son histoire se ressent nécessairement à la lecture de son récit.

Cependant, un roman ou une nouvelle, c’est avant tout un texte destiné à être lu par un public. En d’autres termes, écrire une histoire est un acte de communication. Oublier le public, c’est comme tourner un film sans se soucier des spectateurs. C’est tout à fait possible, bien entendu. Mais cela signifie aussi que s’il se sent ignoré, votre lecteur se désintéressera très vite de votre histoire. Et il y a de fortes chances pour qu’il referme votre livre. Vous aurez donc écrit quelque chose pour vous-même. Et encore une fois, c’est un choix (conscient) que vous pouvez très bien faire. Tous les textes n’ont pas vocation à être publiés. Mais dans ce cas-là, vous n’avez pas besoin d’une bêta-lecture.

La bêta-lecture pour affiner votre manuscrit

Pourquoi se confronter à un lecteur est-il une étape indispensable au travail d’un manuscrit ? Tout simplement parce qu’elle permet au texte de se confronter à un lectorat, de remettre ce dernier au centre des préoccupations de l’auteur. Ce faisant, cela aide à rendre votre manuscrit plus lisible. Et bien entendu, cela améliore votre histoire, en gommant les incohérences, en renforçant les thématiques que vous souhaitez traiter dans votre histoire, etc.

En d’autres termes, la bêta-lecture vous aide à créer une histoire qui résonnera dans le cœur de vos lecteurs autant qu’elle résonne dans le vôtre. La bêta-lecture vous aidera à leur transmettre les émotions et/ou le message que vous souhaitez faire passer à autrui.


Quels sont les principes d’une bêta-lecture ?


Une bêta-lecture de roman, c’est un avis :

  • consultatif ;
  • subjectif ;
  • analytique,
  • positif,
  • flexible,
  • et sans jugement.

Un avis consultatif pour l’auteur

L’avis du bêta-lecteur est consultatif. En effet, l’auteur est et restera toujours le maître de son roman. L’auteur peut ainsi écarter les conseils d’un relecteur s’il juge que les remarques correspondent mal à ses objectifs pour le roman.

Le bêta-lecteur n’a donc pas vocation à réécrire le roman à la place de l’écrivain. Un bêta-lecteur qui réécrit le roman à la place de l’auteur outrepasse ses prérogatives.

Un avis subjectif

Le bêta-lecteur apporte à l’auteur son avis sur un roman. Par essence, un avis est quelque chose de subjectif.

Si le bêta-lecteur aime davantage les romans d’aventures, il risque de moins accrocher à un roman psychologique qui s’intéresse aux états d’âme des protagonistes. Une bêta-lecture est donc par nature biaisée.

Je sais que par exemple j’ai tendance à beaucoup m’intéresser à la psychologie des personnages, que je trouve souvent insuffisamment fouillée dans les manuscrits que je bêta-lis.

Pour cette raison, il est recommandé d’obtenir plusieurs bêta-lecteurs pour un même roman, de manière à recouper les avis.

Un avis analytique et argumenté

Une bêta-lecture est une analyse dans la mesure où le bêta-lecteur va essayer de décortiquer les mécanismes narratifs à l’œuvre dans le roman.

Pour moi, c’est cette partie qui distingue un bon bêta-lecteur d’un bêta-lecteur moyen. Un bon bêta-lecteur connaît les techniques de dramaturgie et de narratologie. Il est donc capable de :

  • s’intéresser à la construction du récit,
  • d’évaluer les choix narratifs qui affaiblissent un roman,
  • et d’argumenter son analyse avec précision.

Objectif : expliquer à l’auteur pourquoi le roman fonctionne ou fonctionne moins bien.

Un avis positif

Un bêta-lecteur se concentre très souvent sur les axes d’amélioration. C’est sa mission première. Il est néanmoins primordial qu’il souligne aussi les points forts du roman. Il y a deux raisons à ça :

  • faire savoir à l’auteur ce qu’il a réussi pour que celui-ci ne le change pas ;
  • et entretenir la motivation de l’auteur.

Un bon bêta-lecteur est un relecteur qui tire l’auteur vers le haut. Une bêta-lecture dont le ton est agressif, directif ou tout simplement dénigrant nuit à l’auteur et au roman.

De tels bêta-lecteurs sont, de mon point de vue, à éviter. J’ai ainsi vu des écrivains qui ont failli arrêter d’écrire à cause de relecteurs malveillants. J’ai par exemple en tête l’exemple d’une autrice qui s’est vue moquée en direct live par deux bêta-lecteurs. Elle était à deux doigts de tout arrêter. Elle a trouvé ensuite des bêta-lecteurs bienveillants. Depuis lors, elle a publié 3 ou 4 romans chez plusieurs éditeurs.

Un avis flexible

Chaque auteur est différent. Chaque manuscrit a des besoins qui lui sont propres. Il est possible d’utiliser une trame d’analyse, mais celle-ci doit laisser une certaine marge de manœuvre.

Pourquoi ? Parce que chaque manuscrit a des intentions différentes. Imaginons un auteur qui a écrit deux romans :

  • un roman humoristique,
  • et un roman philosophique.

Il est évident que les objectifs de l’auteur ne sont pas les mêmes pour chacun de ces manuscrits.

Dans le premier, il cherche à faire rire, à utiliser la satire. Le bêta-lecteur devra donc signaler à l’auteur les moments où l’auteur a réussi à l’amuser.

Dans le second, le bêta-lecteur devra expliquer à l’auteur ce qu’il a compris de la philosophie développée, ce qu’il a moins compris et ce qu’il a perçu du système philosophique exposé dans le roman.

Outre la nature du roman, le bêta-lecteur doit aussi s’adapter au public (jeune, adolescent, adulte) pour évaluer le texte. Lorsque j’ai bêta-lu un roman jeunesse pour les 9-12 ans, je ne me suis pas du tout intéressé aux mêmes choses que lorsque j’ai relu un roman de Fantasy pour adulte. Et c’est normal.

Un avis sans jugement

Une bêta-lecture ne juge pas la valeur morale du texte.

Par exemple, imaginons un auteur qui a souhaité écrire une histoire avec pour objectif de montrer que le travail, c’est mauvais pour la santé. Même si le bêta-lecteur est convaincu de l’inverse, il ne s’amusera pas à contredire toutes les thèses de l’auteur. En revanche, il pourra expliquer que, pour lui, il serait peut-être nécessaire d’apporter certaines nuances sous peine d’écrire un texte caricatural.

De la même manière, une bêta-lecture ne juge pas le niveau d’écriture de l’auteur. Tout le monde a commencé un jour. Le bêta-lecteur en revanche va expliquer à l’auteur quels sont les points qu’il lui faudrait retravailler en priorité pour obtenir un meilleur roman.


Quels sont les différents types de bêta-lecture ?


Les types de bêta-lecture

Chaque bêta-lecteur a son style de bêta-lecture. Et c’est bien normal, puisque de nombreux bêta-lecteurs sont aussi des auteurs. Cela signifie par exemple qu’ils ont développé leur manière de travailler en fonction de leurs propres besoins en tant qu’auteur.

Je me souviens par exemple d’une discussion que j’ai eue avec une bêta-lectrice. Appelons cette personne B pour les besoins de la démonstration. A avait bêta-lu une autrice (appelons cette dernière A). B s’étonnait que A n’avait pratiquement pas commenté ses annotations dans le texte après avoir reçu la bêta-lecture. En effet, pour B, les annotations dans le texte, c’est pratiquement ce qui est le plus précieux, car cela permet de comprendre le parcours de lecture du lecteur. En revanche, A avait rédigé des tartines de commentaires sur la synthèse générale de quelques pages, car A préfère travailler avec des lignes directrices claires.

Il n’existe donc pas une forme idéale de bêta-lecture.

Cependant, on peut distinguer plusieurs types de bêta-lecture :

  • La synthèse générale ;
  • La fiche lecture ;
  • Les annotations dans le texte ;
  • La synthèse par chapitre ;
  • Un mélange d’un peu tout ça.

À noter : il existe tout de même un ordre à respecter selon le degré de maturité du roman. Beaucoup d’éditeurs procèdent en 2 temps :

  • un retour général pour retravailler le roman dans son ensemble ;
  • puis, un retour dans le détail pour retravailler la forme et les petites anomalies.

La synthèse générale

Elle donne à l’auteur les grandes lignes directrices pour le roman :

  • les points forts,
  • les points faibles,
  • et les axes d’amélioration possibles de l’histoire.

La synthèse est généralement réalisée sur mesure en fonction du texte et des besoins de l’auteur.

En revanche, elle ne rentre pas trop dans les détails. Inutile d’attendre d’une synthèse qu’elle vous avertisse que la couleur des yeux de votre personnage a changé à partir de la page 30. La synthèse va plutôt se focaliser sur la manière dont vous avez construit votre récit et vos personnages.

La fiche lecture

Tout dépend de sa conception, mais une fiche lecture est en général un peu hybride.

Elle contient une partie grille d’analyse, qui permet au bêta-lecteur d’informer l’auteur sur le degré de réussite d’un certain nombre d’éléments importants (par exemple sur l’équilibre entre le Show et le Tell). On est donc sur quelque chose d’un petit peu systématique.

Elle contient également une partie analyse où le bêta-lecteur peut noter ses ressentis de lecture pour que l’auteur sache ce qu’il lui faut modifier et ce qu’il a réussi.

En revanche, tout comme la synthèse, la fiche lecture ne rentre pas dans les détails du texte. Elle reste dans les généralités.

Les annotations dans le texte

A – Les annotations détaillées d’un extrait

Pour un auteur, recevoir un extrait annoté peut s’avérer très précieux s’il souhaite retravailler la précision de son style. En effet, ces annotations lui permettent de comprendre quels sont ses tics de langages, comment le lecteur perçoit ses personnages sur une scène et quelles techniques narratives il lui faut perfectionner.

Bien souvent, toutes les remarques sur un extrait sont transposables à l’échelle d’un roman.

B – Les annotations dans un manuscrit

Tout dépend du degré de finition d’un roman, bien entendu. Mais d’expérience, annoter tout un manuscrit est un travail fastidieux, notamment si le bêta-lecteur souhaite vraiment rentrer dans les détails. Et très vite, les commentaires deviennent illisibles, autant pour l’auteur que pour le bêta-lecteur. De plus, ce sont très souvent les mêmes remarques qui reviennent tout au long du texte.

Pour cette raison, lorsqu’un bêta-lecteur annote un manuscrit, généralement il reste à l’échelle de sa perception.

  • Ce qu’il a aimé.
  • Ce qu’il a moins compris.
  • Ce qu’il a moins aimé.
  • Quel personnage lui plaît particulièrement.
  • Quelles émotions lui procure l’histoire.

Ce type de bêta-lecture vient donc en complément d’une partie analyse (synthèse ou fiche lecture). Il permet surtout à l’auteur d’obtenir l’expérience de lecture de son bêta-lecteur et d’avoir quelques exemples concrets des problèmes relevés.

La synthèse par chapitre

Le bêta-lecteur rédige une synthèse pour chacun des chapitres. Cela permet par exemple de retravailler tous les problèmes ponctuels repérés dans chacun des chapitres.

La synthèse par chapitre est un mode de bêta-lecture très pratique pour auteur qui souhaite avoir le manuscrit le plus abouti possible sur la forme avant de l’autoéditer ou de le présenter à un éditeur.

En revanche, ce type de bêta-lecture ne prend pas en compte vraiment la construction générale du récit. En conséquence, l’auteur peut corriger le roman de manière superficielle s’il n’a jamais retravaillé le fond de son roman.


Comment se déroule une bêta-lecture ?


Il n’existe pas une manière de bêta-lire meilleure qu’une autre. En effet, cela dépend avant tout des facultés d’analyse du bêta-lecteur, du mode de bêta-lecture et de la capacité du relecteur à tout retransmettre.

Certains bêta-lecteurs lisent 1 fois le texte, d’autres 2 ou 3 fois. À titre personnel, j’ai fait des bêta-lectures où j’ai lu 2 fois le manuscrit. J’ai par exemple en tête un manuscrit complexe (histoire avec de multiples ramifications) où je comprenais mal ce qui se produisait dans le texte. Cependant, j’ai aussi réalisé des bêta-lecture avec 1 seule lecture. Cela dépend donc du manuscrit.

Néanmoins, de manière générale, je distingue 4 phases pour les bêta-lectures de type fiche lecture :

  • La lecture (avec une très grosse prise de notes pour moi) ;
  • Questionnement à l’auteur : qu’est-ce qu’il a voulu faire ?
  • La réflexion (au moins une semaine) ;
  • La rédaction de la fiche lecture.

Pour les synthèses par chapitre, en revanche, je préfère fonctionner à chaud, car c’est vraiment le ressenti qui prime avec ce format, selon moi. Je ne fais donc qu’une seule lecture. Et dans ce cas-là, je demande aussi en amont à l’auteur quelles sont ses intentions pour le texte. De cette manière, je peux tout de suite noter mes impressions et ce que je perçois du chapitre.


Comment faire une bêta-lecture ?


La manière de réaliser une bêta-lecture dépend du bêta-lecteur et du type de bêta-lecture choisi. Cependant, il existe un certain nombre de règles à respecter pour que l’expérience se déroule de façon sereine pour tout le monde.

  • Connaître et respecter les intentions de l’auteur pour son texte ;
  • Donner son ressenti de lecteur ;
  • Analyser les origines des dysfonctionnements ;
  • Ne jamais suggérer des corrections ;
  • Ne jamais reformuler ;
  • Laisser l’auteur libre de corriger son texte comme il l’entend.

Quand demander une bêta-lecture ?


Quand demander une bêta-lecture ?

Avant de demander une bêta-lecture, plusieurs facteurs sont à prendre en considération.

Les facteurs psychologiques

La bêta-lecture consiste parfois à demander à des étrangers de porter un regard critique sur une œuvre que l’auteur travaille parfois depuis des années. L’écriture d’un roman, c’est un énorme investissement émotionnel.

Recevoir une bêta-lecture peut s’avérer une véritable bombe émotionnelle, nonobstant la bienveillance des commentaires. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer les échanges sur certains forums d’écriture, où les conversations peuvent très vite déraper. En effet, certains auteurs veulent seulement entendre que leurs écrits sont parfaits ; ils manquent encore du recul nécessaire pour encaisser la critique.

Voici donc quelques questions à vous poser pour savoir quand demander une bêta-lecture :

  • Êtes-vous prêt à recevoir des critiques sur votre manuscrit ?
  • Avez-vous envie de faire évoluer votre histoire ? (il se peut tout à fait qu’elle vous plaise en l’état)
  • Pensez-vous que la bêta-lecture puisse vous aider ?
  • Avez-vous confiance en votre bêta-lecteur ?

Le niveau de maturation du texte

Combien de versions de votre texte avez-vous déjà écrites ?

Vous pouvez très bien soumettre votre premier jet à un bêta-lecteur. Seulement, il y a de fortes chances pour que les retours ne soient pas très bons (et aussi décourageants). On dit d’ailleurs souvent que le premier jet est l’histoire que l’auteur se raconte à soi-même. Il faut ensuite attendre la deuxième version du texte pour qu’il essaie de raconter l’histoire à un public.

À titre personnel, je vous conseille fortement de ne pas envoyer un texte à la bêta-lecture avant la deuxième version.

Plus important encore, avant de l’envoyer en bêta-lecture, il me semble primordial de savoir quelle histoire vous souhaitez raconter. Sinon, vous risquez d’avoir des difficultés à reprendre votre texte une fois que vous aurez reçu les analyses.

Plus concrètement, vous devez vous demander ce que vous attendez de votre bêta-lecture pour guider votre relecteur. S’il s’agit seulement de corriger les fautes, vous n’avez pas besoin d’un bêta-lecteur.


À qui demander une bêta-lecture ?


Je distingue 3 types de bêta-lecteurs.

Les bêta-lecteurs amateurs : ce sont généralement des membres de la famille ou des amis proches de l’auteur. Ils vous lisent pour vous rendre service, mais bien souvent ils manquent de connaissances en écriture pour vous aider.

Les bêta-lecteurs auteurs : ce sont des auteurs qui acceptent de bêta-lire d’autres auteurs. Bien souvent, cela fonctionne selon un principe de réciprocité.

Les bêta-lecteurs professionnels : relecteurs de manuscrits aguerris, ce sont bien souvent aussi des auteurs. Les bêta-lecteurs professionnels vendent leurs services. Généralement, leurs tarifs sont calculé au nombre de mots ou de sections.


Comment trouver des bêta-lecteurs ?


Il est possible de trouver des bêta-lecteurs à 4 endroits en fonction du type de bêta-lecteurs que l’on recherche :

  • son entourage ;
  • les communautés d’écriture en ligne (Wattpad, forums, Instagram, Facebook, TikTok) ;
  • les groupes d’écriture (généralement, il faut déjà connaître quelqu’un pour y entrer et cela dépend de votre niveau) ;
  • et les sites de bêta-lecteurs professionnels.

Dans tous les cas, il est rare de trouver un bêta-lecteur sans chercher. Il vous faudra donc écumer un peu le Net pour trouver votre bonheur.


Combien de bêta-lecteurs sont-ils nécessaires ?


C’est une question hautement personnelle. Seul l’auteur, c’est-à-dire vous, a la réponse. À titre personnel, j’aurais envie de répondre : « autant que vous voulez ». Tout dépend de vos besoins et de vos capacités à absorber les retours.

Quand je demande des relectures de romans en entier, je collabore rarement avec plus de 2 bêta-lecteurs à la fois. Travailler avec plusieurs bêta-lecteurs me semble une évidence. Cependant, je pense que j’aurais du mal à trier davantage de retours, surtout si ces derniers sont contradictoires.

En revanche, comme je travaille par vagues successives, je peux très bien demander de l’aide à 11 bêta-lecteurs différents pour un même roman. Certains commentent des extraits, d’autres mes synopsis et il y a ceux qui me lisent entièrement.

Tout dépend de votre manière de travailler, de votre capacité à vous emparer de leurs remarques pour bien corriger vos textes. Ceci dit, si vous en êtes à vos débuts, je vous conseillerais au minimum :

  • 1 – une première bêta-lecture de tout le roman,
  • 2 – une phase de corrections,
  • 3 – une nouvelle bêta-lecture de tout le roman,
  • 4 – une dernière phase de corrections.

De cette manière, votre manuscrit sera beaucoup plus abouti et aura de meilleures chances de séduire un éditeur ou des lecteurs.


Ce que n’est pas la bêta-lecture


J’ai vu sur des sites ou des forums d’écriture des auteurs qui confondaient un certain nombre de termes. Voici quelques clarifications. 🙂

La différence entre bêta-lecture et alpha-lecture

alpha-lecture vs bêta-lecture L'image montre 2 gants de boxe pour symboliser un affrontement.

A – Définition de l’alpha-lecture

Étymologiquement parlant, l’alpha-lecture (du grec άλφα , la première lettre de l’alphabet) correspond à la première lecture d’un roman.

Concrètement, alpha-lecture et bêta-lecture correspondent à deux étapes différentes de la création d’un roman. L’alpha-lecture consiste à lire l’œuvre de fiction à mesure que l’auteur l’écrit. Ce mode de relecture a pour objectif d’aider un auteur à orienter son récit en lui indiquant quels personnages plaisent, quelles situations suscitent la curiosité ou l’intérêt du lecteur et ainsi de suite. Contrairement à la bêta-lecture, l’alpha-lecture n’est pas critique ou analytique ; en effet, à ce stade de la création d’une œuvre de fiction, toute critique peut s’avérer dévastatrice. L’alpha-lecture sert surtout à donner à l’auteur des indications sur les points forts de son texte. Et aussi à le motiver. C’est toujours motivant d’avoir un lecteur qui trépigne d’impatience en demandant la suite de votre histoire.

B – Alpha-lecture et retours critiques

Cela dit, j’ai vu des prestataires qui proposaient des retours critiques en alpha-lecture. De mon point de vue, c’est une mauvaise idée, car le récit n’est pas encore mûr à ce stade pour être ainsi remis en cause. À cet instant du processus créatif, l’auteur n’a pas nécessairement conscience de la direction qu’il souhaite faire prendre à son récit. L’alpha-lecteur risque donc de le faire dériver. Sans parler de la confiance en soi, qui peut en prendre un coup et bloquer complètement l’auteur.

J’ai néanmoins entendu parler de plusieurs auteurs (très expérimentés) qui fonctionnaient de cette manière. Il faut donc, je pense, savoir comment on fonctionne.

La bêta-lecture vient donc après la bêta-lecture, une fois que l’auteur aura corrigé la première version de son roman.

La différence entre bêta-lecture et corrections d’un roman

La correction d’un roman est à comprendre ici au sens de « vérification orthographique, grammaticale et sémantique d’un roman ».

Un correcteur est un professionnel certifié qui va relire votre roman pour s’assurer que ce dernier ne contient aucune faute d’orthographe ou autres soucis de cet acabit. C’est la dernière étape avant le bon à tirer et la publication de votre roman par une maison d’édition ou en autoédition.

La bêta-lecture d’un roman est une étape qui se situe bien en amont de la chaîne de création d’un roman. En effet, le bêta-lecteur va très peu se soucier de l’orthographe au profit d’une lecture plus analytique et émotionnelle de votre manuscrit.

La différence entre bêta-lecteur et le sensitivity reader

Bêta-lecture et lecteur de sensibilité

Définition de sensitivity reading

Le sensitivity reading est une discipline qui est apparue il y a quelques années maintenant. Il s’agit de lire un manuscrit en ne se focalisant que sur la représentation de vos personnages.

Un exemple serait plus parlant. Donc, en voici un : vous avez écrit un livre dont le personnage principal est Franco-Iranien. Vous vous êtes bien entendu beaucoup informé sur la question. Néanmoins, vous avez encore des doutes sur la manière dont vous avez traité votre sujet :

Est-ce que je ne suis pas en train de véhiculer un certain nombre de préjugés ?

Est-ce que je ne suis pas en train d’exercer une forme de violence inconsciente sur le groupe de personnes dont je souhaite parler ?

Le sensitivity reader appartient à la population décrite dans le roman. Son but est de traquer les représentations erronées, problématiques ou offensantes. Dans certains cas, il peut aussi aider sur la partie « vie de tous les jours » avec les problèmes quotidiens rencontrés quand on est dans telle ou telle situation.

Sensitivity reading et littérature

À ma connaissance, les auteurs utilisent notamment des sensitivity readers sur les thématiques LGBTQI+ et plus généralement sur des questions liées à la représentation de la diversité / diversalité dans leurs romans.

J’ai ainsi entendu un auteur qui expliquait avoir demandé de l’aide à un sensitivity reader dans le cadre d’un roman où son protagoniste était en situation de handicap. En effet, outre le simple aspect « représentation », il s’interrogeait sur les difficultés quotidiennes que cela pouvait représenter au quotidien. Et d’après ses dires, cela lui a beaucoup apporté.

J’ai discuté avec une autrice qui avait fait appel à un sensitivity reader pour son roman, et les démarches avaient été entreprises par son éditrice. Mais il n’est pas interdit à un auteur de s’intéresser à ces questions de la représentation avant de proposer son manuscrit à l’édition.

Sensitivity reading et bêta-lecture sont complémentaires

La bêta-lecture se différencie donc du sensitivity reading par le fait que votre bêta-lecteur aura une approche plus globale de votre manuscrit. Il va s’intéresser à ses émotions, mais aussi aux techniques narratives que vous avez mises en œuvre dans votre histoire. Cependant, le bêta-lecteur ne va pas nécessairement pouvoir vous aider sur certaines questions de fond, comme la représentation de certaines populations dans votre roman. En effet, il n’aura tout simplement pas les cartes en main pour cela.

De son côté, le sensitivity reader n’a pas nécessairement conscience de ce qu’écrire une histoire signifie (conflit narratif, etc.). Cela peut de fait rendre la collaboration plus compliquée, car il ne comprendra peut-être pas très bien les besoins de l’auteur.


Conclusion


La bêta-lecture est le meilleur ami des auteurs qui souhaitent faire évoluer leur texte en vue d’une publication. En effet, cela vous aide à produire un manuscrit plus lisible pour le public. Mais c’est également une formidable école pour apprendre à maîtriser les mécaniques narratives à l’œuvre.

Cependant, il est important de respecter un certain nombre de fondamentaux pour réaliser une bêta-lecture.


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